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Transition climatique et énergétique

COP23 - 12.11.2017

Le maire de Séville sur le changement climatique : « La tâche qui nous attend est énorme »
Des centaines de maires et présidents de régions du monde entier étaient présents à l'occasion du sommet des Nations unies sur le climat (COP23). Au coeur des débats : les avancées dans la lutte contre le changement climatique depuis l'adoption des Accords de Paris en 2015.

C'est dans ce cadre que nous avons interviewé le maire de Séville et porte-parole climat et énergie du CCRE, Juan Espadas.  L'interview est également disponible en espagnol.

Des progrès ont été réalisés pour lutter contre le changement climatique. Etes-vous satisfait de de la contribution des collectivités depuis l’adoption des Accords de Paris ? 

Depuis les Accords de Paris, la participation et les actions des gouvernements locaux se sont intensifiées. Grâce à ces accords, la question du changement climatique et ses effets sont devenues une priorité pour les élus.

En vérité, cela fait plus de 10 ans que les villes, municipalités et régions ont fait de la lutte contre le changement climatique une priorité. Elles commencent d'ailleurs à récolter les fruits de leurs efforts.

La tâche qui nous attend reste toutefois énorme et nous devons redoubler nos efforts en matières d'atténuation, d'adaptation mais aussi de coordination. Pour atteindre l'objectif de réduction des émissions d'au moins 40%, il est nécessaire que nous conjuguions nos efforts, tant à l'intérieur de nos frontières qu'à l'extérieur. C’est pourquoi j'encourage chaque municipalité espagnoles à rejoindre la Convention des maires.

En tant que Président du Réseau espagnol de Villes pour le Climat et maire de Séville, quelles initiatives avez-vous mis en place depuis les Accords de Paris ?  

Au sein du Réseau Espagnol des Villes pour le Climat*, nous avons mis en place une série de groupes de travail rassemblant les experts dans un large éventail de domaines d'action. Notre ambition est simple : faciliter l’échange d‘expériences dans la mise en œuvre de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

Mais la voie est longue pour atteindre une économie à faibles émissions de carbone. C’est pourquoi, nous regardons ce qui se fait et ce qui fonctionne. L'introduction de nouvelles technologies, notamment le LED dans l'éclairage public, constitue un bon exemple de comment réduire des émissions de Co2.

Dans ce cadre, à travers différents groupes de travail au sein du Réseau, et avec le soutien du Bureau espagnol du changement climatique, nous avons conçu des stratégies d'adaptation au changement climatique spécificiques à chaque municipalité.

A Séville, nous avons atteint les objectifs fixés pour 2020 tels que définis dans les Plans d’action en faveur de l’énergie durable de la Convention des maires. Nous avons également signé de nouveaux plans d’action avec la Commission européenne pour atteindre les engagements de ce pacte d'ici 2030, conformément aux engagements de Paris. Enfin, nous travaillons actuellement à la mise en oeuvre de projets prioritaires en matière de transport public, de construction et d'aménagement de la ville. 

Quelles difficultés rencontrent les communes et les villes lors de la mise en œuvre de projets contribuant à un avenir plus durable ? 

Elles sont malheureusement nombreuses. Très concrètement, en Espagne, nous sommes confrontés au manque de financement et à l'impossibilité pour les collectivités d'engager de nouveaux investissements.

Par conséquent, à travers notre réseau, nous cherchons des financements auprès des ministère des Finances et de la Fonction publique, ainsi que le ministère des Travaux publics. Nous cherchons également à augmenter les financements qui nous sont attribués par les ministères de l'Agriculture et de la Pêche, de l'Alimentation et de l'Environnement.

Un autre obstacle : la difficulté d'identifier des mesures concrètes et des actions positives en matière de changement climatique qui soient transposables. C’est pourquoi, au sein du Réseau espagnol des Villes pour le Climat, et depuis 2016, nous échangeons sur nos succès et regardons ce qui est transposable dans d'autres mairies. La question des différents types de financement est également traitée, notamment les fonds européens.

Beaucoup de villes espagnoles ont signé la Déclaration de Séville, une initiative de l’Association espagnole du CCRE (FEMP). Quels sont ses objectifs ? 

Le 15 mars nous avons présenté la Déclaration de Séville, pour montrer l'engagement des villes dans l'économie circulaire. Ce modèle de production et de consommation propose de transformer nos déchets en nouvelles ressources. Il s'agit ici de promouvoir un nouveau système de production et de croissance économique basé sur les principes de la nature, en réutilisant ou recyclant les matières et les déchets que nous générons pour créer de nouvelles matières premières.

Depuis nos villes, nous pouvons contribuer à promouvoir un modèle de développement urbain durable, accroître les efforts pour réduire l’impact environnemental et climatique, promouvoir la coopération entre les collectivités et renforcer les plateformes publiques-privées.

Actuellement, la Déclaration de Séville a été signée par près de 150 municipalités espagnoles, représentant près de 8 millions d'habitants.

Vous êtes le porte-parole du CCRE sur le Climat et l’Energie, ainsi que Président du réseau des villes espagnoles pour le climat. Quel message avez-vous transmis aux participants de la COP23 ? 

Je tiens à souligner l'importance de la participation des collectivités territoriales dans la prise de décision et dans la mise en œuvre des mesures nous permettant de respecter les accords de Paris.

L’UE s’est engagée à réduire les émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030. Pensez-vous que cet objectif est réaliste ?

Cet objectif est très exigeant, mais il est également nécessaire. C’est pourquoi nous devons travailler dans tous les domaines possibles pour en faire une réalité.

La  gouvernance multi-niveaux revêt ici toute son importance. L’idée que les États parviennent à des accords et fixent des objectifs unilatéralement n’est plus envisageable. Il faut qu'au sein de chaque État, un accord soit conclu avec les régions et les municipalités. Cet accord doit inclure les financements disponibles, leur répartition, ainsi que des échéances claires. Par conséquent, un accord économique et politique, avec des objectifs définis sur le court, moyen et long terme, est nécessaire.

Par ailleurs, il est également crucial que cet accord reflète un consensus social. Ne l'oublions pas : ce sont les citoyens qui sont les véritables acteurs dans la lutte contre le changement climatique. Pour ce faire, nous devons les encourager, les orienter et les sensibiliser à un plus grand respect de leur environnement.

La décision de Washington de retirer les Etats-Unis des Accords de Paris a laissé un vide dans la gouvernance climatique internationale.  Comment combler ce vide ? 

Cette décision représente un vide incontestable au niveau international. Il doit être comblé. Et pour ce faire, il faut mettre les bouchées doubles. Il est par ailleurs réjouissant de constater que de nombreux Etats aux États-Unis se sont positionnés en faveur de l'Accord de Paris et continuent à mettre en œuvre des mesures pour lutter contre le dérèglement climatique. Quelque part, ils sont en train de remplir le vide établi par leur gouvernement au niveau central.


* Le Réseau espagnol des Villes pour le Climat est une section de la FEMP composée par des municipalités et des villes ayant intégrées des politiques d’adaptation et d'atténuation dans leurs agendas locaux.
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