Plus de 100 représentants de collectivités et associations locales de plus de 20 pays ont participé à la conférence sur l'Europe du Sud-Est, les 6 et 7 novembre 2008 à Vienne.

 

La conférence était organisée par le Conseil des Communes et régions d'Europe (CCRE) avec le soutien du Städtebund autrichien et de NALAS (Réseau des Associations d'Autorités Locales d'Europe du Sud-Est). Les débats ont porté sur les dossiers prioritaires pour les villes d'Europe du Sud-Est, tels les finances locales, l'aménagement du territoire, l'énergie et l'environnement, les jumelages, et les préparatifs pour l'adhésion à l'UE.

 

La déclaration finale (en anglais) a été unanimement adoptée et exprime la volonté des participants de "créer des liens avec et entre les collectivités locales et régionales d'Europe du Sud-Est, pour permettre les échanges d'expérience et de bonnes pratiques", ces derniers constituant l'unique moyen de "surmonter les différends du passé".

 

La déclaration appelle aussi à la poursuite du processus d'adhésion à l'UE et de réunification, et appelle les institutions européennes à accorder plus d'attention au rôle clé joué par les collectivités locales et régionales.

 

Le texte de la déclaration appelle aussi au transfert de plus de compétences vers les municipalités d'Europe du Sud-Est, particulièrement en matière de transports, éducation, santé et services sociaux.

 

Renforcer les collectivités locales

 

Le président du CCRE et maire de Vienne Michael Häupl a appelé l'Union européenne à mieux comprendre les besoins des communes: La meilleure façon de nous faire entendre et de coopérer au sein du CCRE afin que les villes et régions d'Europe parlent d'une seule voix. Le CCRE n'est pas un lobbyiste poursuivant des intérêts égoïstes ou privés: nous nous exprimons au nom de nos citoyens, de nos villes, de nos régions.

 

Jos Chabert, au nom du Comité des Régions, a exprimé sa crainte que les perspectives d'adhésion à l'UE des pays des Balkans s'éloignent; mais Hannes Swoboda, vice président de la délégation Europe du Sud-Est du Parlement européen a rétorqué que le processus d'intégration doit se poursuivre avec vigueur. Il y a des obstacles à l'adhésion à l'UE, mais les collectivités locales peuvent contribuer à leur résolution, notamment pour ce qui concerne la corruption et les Roms.

 

L'ex Haut Représentant pour la Bosnie-Herzégovine Wolfgang Petritsch a lui aussi insisté sur l'importance de travailler à l'adhésion à l'UE: Parler de l'avenir, c'est parler de l'adhésion à l'UE. Vos municipalités doivent s'assurer qu'il ne s'agira pas d'un processus du haut vers le bas puisque la plupart des dossiers liés à l'adhésion à l'UE ont une forte dimension locale: le retour des réfugiés, la reconstruction, les changements climatiques, la bonne gouvernance...

 

La Charte européenne de l'autonomie locale est la pierre angulaire de la démocratie locale a déclaré le président de la Chambre des régions du Congrès des Autorités Locales et Régionales Ludmila Sfirloaga; il a aussi insisté sur l'importance de s'ouvrir au Caucase et aux pays de la Mer noire. Pour sa part, le président de NALAS Tarzan Milosevic estime que la décentralisation et l'urbanisation sont les principales tâches auxquelles les collectivités locales du Sud-Est doivent faire face.

 

Les représentants de municipalités de la région ont pu décrire chacun ce qui constitue les dossiers brûlants. Selon les orateurs, les finances sont la question prioritaire: la plupart des municipalités ne sont pas financées adéquatement, la majorité de leurs finances provenant "d'en haut" (gouvernement). Ce n'est qu'en leur accordant une plus grande liberté financière et fiscale que les communes pourront résoudre d'autres dossiers brûlants tels l'aménagement du territoire et les services publics.

 

Le représentant de Sarajevo a expliqué que 95% des habitants n'approchent jamais leur autorité locale, régionale ou nationale puisque "personne ne peut les aider vu l'enchevêtrement de compétences et structures". Le représentant de Chisinau, Moldavie, a informé les participants qu'hier le principal fournisseur de chaleur à Chisinau a fermé ses portes, laissant les écoles et hôpitaux sans chauffage. En d'autres termes, le gouvernement national utilise l'énergie comme une arme contre les collectivités locales.

 

Le maire adjoint de Ljubljana a insisté sur le rôle des capitales en Europe, et les participants ont déclaré que les jumelages constitue le meilleur moyen de rapprocher les villes entre elles et leurs habitants. Ils ont aussi félicité le CCRE pour son nouveau site internet sur les jumelages en 20 langues (lancement le 13 novembre à Bruxelles).

 

Au delà des discours et présentations, de telles conférences permettent aux représentants d'Europe du Sud-Est de se rencontrer, d'échanger leur expérience et parfois de lancer des projets de coopération locale, explique le secrétaire général du CCRE Jeremy Smith. On y voit des représentants bosniaques et serbes discuté de questions énergétiques, Moldaves et Roumains parlent de perspectives d'avenir, Albanais et Ukrainiens décident de se revoir à une future manifestation... Cette conférence constituait un lieu de rendez-vous permettant à la démocratie locale de se développer en Europe du Sud-Est.

 

Les Etats Généraux du CCRE, à Malmö, du 22 au 24 avril 2009, consacreront une session aux collectivités locales d'Europe du Sud-Est.