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Gestion des déchets et économie circulaire

Gestion des déchets - 04.05.2018

Interview | Comment penser 'petit' peut mener à de grands succès
55% de déchets municipaux recyclés d’ici 2025 : c’est l’un des objectifs fixés dans la nouvelle législation européenne sur les déchets et l'économie circulaire, adoptée par les eurodéputés le 18 avril. 

La porte-parole du CCRE pour l'environnement et conseillère du Lincolnshire (LGA), Marianne Overton, analyse l’impact qu’aura la révision de ces directives 'Déchets' sur les collectivités territoriales.

Etes-vous satisfaite du résultat des négociations entre le Parlement et les Etats Membres ?

Je me réjouis que l'UE ait pris en compte les points soulevés par le CCRE. Citons notamment la définition des déchets municipaux, la responsabilité élargie des producteurs et une transparence accrue, l’incitation à la collecte séparée des déchets lorsque cela est possible, les mesures contre le gaspillage alimentaire, la valorisation énergétique et la mise en place de marchés publics écologiques.

C’est un très bon résultat pour les collectivités et la population qu'elles représentent. Le travail ne se fera toutefois pas tout seul. C’est la raison pour laquelle nous demandons des fonds pour répondre à ces objectifs communs. Une stratégie réussie exige des changements considérables dans la manière dont nous, collectivement, produisons, emballons, consommons et réutilisons les matériaux.

Comment les collectivités vont-elles traduire les objectifs de cette législation en lignes d’actions concrètes ?

Pour les collectivités, la gestion des déchets s’inscrit dans un souci d’amélioration continue. Mais il y a des limites à ce qu’elles peuvent faire en bout de course. Ce qu’il faut, c’est une réduction des déchets, notamment ceux pour lequel le recyclage est difficile. C’est pourquoi nous devons travailler avec les producteurs et les commerçants pour intervenir au niveau de la conception des produits, de la réduction du conditionnement des emballages et de leur caractère recyclable.

Par ailleurs, les collectivités sont proches leur population et, ce faisant, elles sont en mesure de se concentrer sur des initiatives locale. C’est la somme de ces actions qui aboutit à un grand changement. Ensuite, nous pouvons encourager les autres collectivités à agir de la sorte : par exemple, offrir plus de points de remplissage des bouteilles d’eau, bannir le plastique non réutilisable dans les bâtiments municipaux, ou encore promouvoir des initiatives bénévoles de nettoyage et de ramassage de déchets.

Mais ce dont les villes et les régions ont besoin, c’est de plus de certitude pour favoriser l’investissement dans la gestion des déchets. Une clarification de la définition de la « récupération des déchets » est nécessaire. Dans ce cadre, on assiste par exemple à un passage de l'énergie produite à partir des sites de déchets (incinération) aux biodigesteurs*. Il est donc nécessaire de disposer d’une définition plus précise de ce qu’on entend par récupération des déchets. Cela permettrait de clarifier le rôle que l'incinération peut jouer dans la récupération d'énergie. Celle-ci constitue en effet une option pour le traitement des déchets, à condition que des normes strictes de récupération d'énergie soient respectées.

Que prévoyez-vous de faire dans la circonscription du Lincolnshire ?

Environ 360 000 tonnes de déchets municipaux sont prises en charge par le « Lincolnshire Waste Partnership » chaque année. Cela représente près d’une demi-tonne de déchets par habitant du comté. Par ailleurs, 47% des déchets sont recyclés, réutilisés ou compostés. 50% sont convertis en énergie, en grande partie grâce à notre installation d'énergie provenant des déchets (incinérateur) et moins de 5% sont mis en décharge.  

Les défis sont nombreux. La population augmente et génère un plus grand nombre de déchets, alors que le financement provenant du gouvernement national a considérablement diminué. Le taux de recyclage à l'échelle nationale a stagné et même diminué au niveau local. Les poubelles de recyclage sont bien utilisées, mais seulement 75% d'entre elles sont rentables. Un quart des déchets que nous collectons est recyclable, et d’avantage peut être fait pour séparer les déchets alimentaires des autres.

Actuellement, nous sommes en train d'élaborer une nouvelle stratégie de gestion des déchets qui sera mise en œuvre par nos huit municipalités, ce qui représente près de 750 000 personnes. Cette stratégie permettra de répondre à la nouvelle directive cadre de l’UE sur les déchets et d’atteindre les objectifs pour le Royaume-Uni.

Quelle ambition affiche cette nouvelle stratégie ?

Nous avons l’ambition d’améliorer la qualité et la valeur commerciale de notre chaîne de recyclage. Nous y arriverons en standardisant ce que nous collectons et recyclons séparément dans le comté du Lincolnshire.

Tous les déchets doivent être considérés comme une ressource. La séparation des déchets alimentaires pour le compost, notamment, peut apporter des changements considérables. Les objectifs que nous nous sommes fixés localement pour mesurer notre performance environnementale sont donc ambitieux, mais également réalistes.

Que peuvent faire les collectivités territoriales pour atteindre les objectifs de l’UE ?

Il faut commencer par de la prévention, bien que cela ne soit pas facile. Les collectivités doivent aller voir les producteurs et les commerçants, et les décourager d’utiliser des emballages non recyclables. Le polystyrène et le plastique à usage unique ont constitué les matériaux phares utilisés pour l’emballage et la distribution facile des biens. Mais le caractère recyclable des emballages rend l’élimination des déchets plus facile pour nos citoyens, permet d’économiser argent et énergie tout en protégeant notre environnement.

La pression publique joue également un rôle grandissant... J’ai vu des gens laisser leurs emballages dans les magasins ! Enfin, la recherche scientifique peut apporter sa pierre à l’édifice, avec notamment les enzymes qui digèrent le plastique et sont très efficaces dans nos biodigesteurs.

Comment l’UE peut-elle soutenir les collectivités ?

Tout d’abord, il faut un cadre financier approprié et efficace pour aider les gouvernements locaux à atteindre les objectifs de l’UE. 

Opérer des changements en matière d’infrastructures tout en s’éloignant des procédés d’incinération et d’enfouissement en décharge constitue un réel défi pour les collectivités, en particulier dans un contexte de contrainte financière majeure dans la plupart des pays. Les déchets alimentaires en sont un parfait exemple : de nombreux gouvernements locaux voudraient mettre en place des services de collecte des déchets alimentaires. Mais d’un point de vue économique, cela reste peu intéressant pour eux, car la mise en place d’un système de collecte séparée des déchets alimentaires peut avoir un coût initial considérable.

Au-delà de la question des déchets, le Lincolnshire met-il en place des mesures pour lutter contre le changement climatique et favoriser l'économie circulaire ?

Le changement climatique pose des sérieux défis dans le Lincolnshire, car notre comté dispose d'une longue côte sablonneuse et se situe au niveau de la mer. Cela augmente donc le risque d’inondations et d'intempéries. Par ailleurs, nous courons le risque de sécheresse dû à de faibles pluies et à la perte de terre arable, un élément très importante dans cette région agricole. Et c'est sans parler du cancer de la peau, de la vulnérabilité des personnes âgéess liée à la canicule et aux fortes chaleurs, ou encore des changements en matière de biodiversité.

En 2012, le Lincolnshire a signé l’Accord climatique local, engageant notre compté à adresser à la fois les causes et les effets du changement climatique. Il s’agit d’une initiative de l'association LGA engageant les collectivités à travailler dans tous les domaines pour réduire les émissions de carbone et mettre en place des actions d’adaptation à plus long terme.

Pour cela l’équipe de développement durable du Lincolnshire a créé un outil d’évaluation des risques. Celui-ci soutient toutes les équipes pour comprendre l’impact que le changement climatique aura sur leurs activités. 
*Biodigesteur : Un appareil dans lequel des déchets organiques sont digérés par des bactéries. Peut être utilisé pour produire du biogaz.

Prochaines étapes

Ce texte doit désormais être transmis au Conseil pour une approbation formelle, ce qui sera suivi d’une transposition dans la législation nationale dans les deux ans suivant son adoption.
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