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Politique de cohésion

Habitat III - 25.10.2016

5 questions sur le Nouvel Agenda Urbain : Citiscope interviewe le secrétaire général du CCRE
Citiscope, acteur médiatique majeur sur les questions locales et urbaines, a interviewé le secrétaire général du CCRE, Frédéric Vallier, sur le Nouvel Agenda Urbain. Aux côtés de 24 autres penseurs et experts, Frédéric Vallier a répondu à 5 « Questions du jour » concernant l’issue d’Habitat III :

1.    D’après vous, quelle est l’idée la plus innovante ou transformationnelle dans le Nouvel Agenda Urbain ?

Pour nous il y a deux idées innovantes dans le Nouvel Agenda Urbain. La première est le fait que les Etats membres de l’ONU se sont officiellement engagés à assurer une décentralisation fiscale, politique et administrative appropriée, basée sur le principe de subsidiarité.

Les villes, communes et régions sont les mieux placées pour assurer un meilleur service public (transports en commun, santé, logement, éducation, etc) adapté aux besoins de leurs citoyens. Si nous voulons qu’elles soient pleinement capables de mettre en œuvre le Nouvel Agenda Urbain, elles doivent avoir des finances stables et prévisibles, ce qui ne peut être garanti que par plus d’autonomie locale ; par exemple, en matière d’impôts.

La seconde proposition innovante est la reconnaissance des gouvernements locaux ainsi que leurs associations représentantes, dont le CCRE et CGLU, en tant que promoteurs du développement de capacités. Les réseaux nationaux et internationaux peuvent réunir les voix des gouvernements locaux dans le monde sur la scène internationale, ainsi que s’assurer que les villes de toutes tailles participent dans l’arène mondiale, et dans toutes les étapes du processus de décision.

2.    Y a-t-il un sujet clé qui d’après vous est absent du Nouvel Agenda Urbain, ou qui est sérieusement sous-représenté ? Si oui, lequel ?

J’ai été surpris de voir que le rôle des villes et des régions dans la conception et la révision de l’Agenda Urbain a été un point difficile lors des négociations. Toutefois, nous avons fini par réussir à l’obtenir dans le document final, ce qui est une excellente nouvelle ! Maintenant, ce qui manque toujours, c’est de savoir à quel point ce travail de reconnaissance fera réellement la différence sur le fonctionnement de la coopération entre gouvernements locaux et centraux sur le terrain. Les Etats membres de l’ONU ne devraient pas seulement prendre en compte le rôle des gouvernements locaux, mais plutôt spécifier la façon dont ils vont les intégrer dans la conception de leurs stratégies nationales.

Un autre aspect qui manque est celui lié au financement. Le texte fait preuve d’un grand engagement envers l’accès des villes aux fonds internationaux. Cependant, nous voulons que la communauté internationale aille un pas plus loin, en créant des nouveaux instruments financiers globaux pour des investissements durables au niveau local, y compris des fonds mondiaux pour l’infrastructure, les services de base et le logement. L’accès à la finance climatique doit être amélioré également. Par ailleurs, il est essentiel de donner aux gouvernements locaux les mécanismes nécessaires pour organiser leurs propres ressources fiscales, afin qu’elles puissent assurer leur propre développement économique.

3.    Comment et quand pensez-vous que nous serons plus à même d’évaluer le succès d’Habitat III, et comment définiriez-vous ce succès ?

Le succès du Nouvel Agenda Urbain devrait avoir pour résultat un partenariat local et national renouvelé, ainsi qu’un processus de décentralisation fiscale, politique et administrative plus avancé pour assurer un impact positif sur les villes : un meilleur service public et une pratique démocratique améliorée.

Par exemple, en étant capable d’augmenter les impôts locaux, les villes et régions de par le monde auraient assez d’autonomie pour assurer un meilleur service public.

En outre, les villes doivent avoir une place à la table globale et être pleinement impliquées dans les négociations mondiales, car elles sont les moteurs de la croissance de leurs nations et en charge d’améliorer la vie de leurs habitants. Le fait de renouveler la relation entre les gouvernements locaux et l’ONU serait alors un élément clé de ce succès. Ceci pourrait être fait, par exemple, en assurant la représentation des gouvernements locaux dans toutes les délégations des Etats membres à Quito, comme elles le sont avec les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne. Ou encore, en donnant un siège aux gouvernements locaux en tant qu’observateurs aux Nations Unies, et non pas seulement le partage d’un siège avec la société civile.

4.    Quels sont selon vous les plus grands obstacles pour la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain ?

Nous sommes très heureux que les Etats membres se soient engagés à travailler main dans la main avec les gouvernements locaux pour mettre en œuvre le Nouvel Agenda Urbain. Toutefois, ce qui est sur le papier n’est que le premier pas. Le texte promeut la coopération, mais il ne spécifie pas à quoi ressemblera cette coopération sur le terrain ni comment elle sera soutenue. Je me permets de rappeler que l’Agenda Urbain ne se limite pas à financer les villes, il s’agit également de donner un vrai rôle aux gouvernements locaux dans la conception de politiques de développement urbain qui serviront les citoyens.

Un autre obstacle que je vois, c’est la définition des indicateurs. Ce que nous voulons éviter à tout prix, c’est une situation où les gouvernements locaux doivent travailler avec un grand nombre d’indicateurs avec lesquels ils ne sont pas à l’aise et qui ne sont pas adéquats. De ce fait, nous croyons qu’il est essentiel de créer des indicateurs avec l’apport des gouvernements locaux ainsi que celui du secteur public et des chercheurs. De plus, prenant en compte les nombreux agendas mondiaux de développement durable qui ont été définis ces derniers mois (climat, développement durable, réduction du risque de catastrophe, etc), il sera logique de simplement lier la mise en œuvre et le suivi de tous ces agendas mondiaux de développement durable.

5.    Le Nouvel Agenda Urbain est sensé guider l’urbaine mondiale pour les deux prochaines décennies. Comment espérez-vous que les villes du monde auront changées à la fin de cette période ?

Deux décennies, c’est court dans l’histoire d’une ville, mais également assez long pour beaucoup de changement. La ville que nous voulons devrait être inclusive, égalitaire, transparente, durable, verte et être une ville où tous les habitants peuvent aider à façonner la vie publique.

Dans tous les cas, c’est ce pour quoi nous avons lutté l’année passée en défendant l’inclusion du concept du « Droit à la ville ». Ce concept promeut le fait que tout le monde devrait avoir accès aux ressources, services, biens et opportunités que leur apporte leur ville d’une façon juste, universelle, démocratique et durable.
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