Conseil des Communes et Régions d'Europe (CCRE)
Cités et Gouvernements Locaux Unis


Accueil / Actualité / Articles / IncluCities
suivant > < précédent

IncluCities

IncluCities - 13.07.2021

« La ville est ce qui nous unit, peu importe d’où nous venons » : le maire de Fuenlabrada, Javier Ayala Ortega
Cette interview a été publié dans IncluCities.

Fuenlabrada est une commune espagnole située dans la région métropolitaine de Madrid. La ville mentor d’IncluCities a connu une croissance démographique rapide en raison des flux migratoires. En réponse à cela, les autorités municipales ont développé des politiques de cohésion sociale et d’égalité qui sont devenues une référence en matière de pratiques efficaces d’intégration.
 
Francisco Javier Ayala Ortega dispose d’une vaste expérience dans le domaine des politiques publiques et a occupé divers postes au sein du conseil municipal de Fuenlabrada, avant d’y être élu maire en 2018. Il préside aujourd’hui la Commission des relations internationales de la Fédération espagnole des municipalités et des provinces (FEMP) et est le porte-parole du CCRE pour l’emploi. Diplômé en droit et passionné par la danse andalouse, il promeut l’égalité des droits, la participation active et le travail collectif comme fondements des villes inclusives. 


Au cours de l’année écoulée, marquée par la COVID, les maires des villes du monde entier ont été confrontés à des défis sans précédent. Comment la ville de Fuenlabrada a-t-elle fait face à la pandémie ?

Nous avions une stratégie claire dès le départ : mettre à disposition le budget municipal pour soutenir l’hôpital de la ville et les personnes les plus affectées par le confinement, notamment les personnes âgées et les enfants. Je suis fier qu’en quelques jours seulement, nous ayons pu mettre en place un hôpital de campagne efficace pour les patients atteints du COVID, à côté du centre hospitalier de la ville.  

Le monde est actuellement bouleversé par des défis de taille : la pandémie, la relance, le changement climatique, les flux migratoires. Comment percevez-vous le rôle des villes dans la résolution de ces problèmes ?

Il ne fait aucun doute que les gouvernements locaux sont ceux qui sont les plus proches des citoyens et, par conséquent, ceux qui connaissent le mieux leurs besoins et comprennent la réalité de leurs territoires. Bien sûr, les défis sont mondiaux, et ils nécessitent la mobilisation de la communauté internationale afin de déployer des efforts collectifs et d’atteindre des objectifs globaux. Mais les réponses, les moyens d’atteindre ces objectifs communs de relance, de lutte contre le changement climatique ou de gestion des flux migratoires, doivent être adaptés à la population sur le terrain. Dans ce processus, les gouvernements locaux jouent un rôle essentiel et prépondérant. 

La population de Fuenlabrada a triplé au cours des 40 dernières années en raison de la migration, et l’âge moyen est maintenant inférieur de 6 ans à la moyenne nationale. Comment la ville s’est-elle adaptée ?

À mon sens, il existe deux solutions principales pour relever ce défi : l’une est la participation civile, et l’autre, les politiques de cohésion sociale. Fuenlabrada est un modèle de référence important en termes de participation citoyenne. Nous avons réussi à développer cette participation à travers l’implication des citoyens dans les processus de transformation autour d’un objectif commun d’améliorer notre ville et la vie des citoyens. Nous avons également été considérés comme un exemple de réussite en matière de politiques de cohésion au cours des dernières décennies. Parallèlement à la croissance démographique, nous avons développé des programmes innovants qui nous ont permis de réduire le taux de chômage et d’améliorer l’intégration. 

Quelle est la situation actuelle des migrants à Fuenlabrada ?

Actuellement, la population étrangère représente un peu moins de 13,5% de la population de la ville, et la majorité sont des personnes âgées de 20 à 49 ans. La plupart d’entre eux sont originaires de Roumanie, du Maroc, du Nigéria, de Guinée équatoriale, de Colombie et de Chine. En matière d’intégration, nos efforts se concentrent sur des services municipaux adéquats répondant aux besoins fondamentaux des nouveaux arrivants. En outre, nous soutenons le développement de projets d’intégration interculturelle et transversale. Notre objectif est également de promouvoir les associations qui représentent le mieux les migrants, de les motiver à participer activement à la vie de la ville et à la recherche de solutions aux problèmes communs. Grâce à tous ces efforts, nous avons établi un important réseau de participation citoyenne. Parmi plus de 400 entités enregistrées, on compte environ 60 organisations dirigées par des personnes migrantes ou favorables à l’immigration.

Comment prévenir l’exclusion sociale, notamment parmi les groupes vulnérables tels que les migrants, si le chômage est déjà particulièrement élevé chez les jeunes moins qualifiés ?

Ces dernières années, Fuenlabrada a développé un projet financé par l’UE appelé MILMA, qui a été sélectionné parmi des centaines de projets à travers l’Europe. Son objectif était de favoriser la collaboration entre l’administration publique, les entreprises et d’autres organisations. Plus concrètement, MILMA permet aux demandeurs d’emploi d’entrer en contact avec des employeurs potentiels. Grâce au développement de modèles efficaces et novateurs d’accès à l’emploi, nous avons réussi à inclure les chômeurs, tant nationaux que migrants, dans la vie de la ville de Fuenlabrada. La réponse en termes de participation a été au-delà de nos attentes, et nous avons l’intention d’en faire un modèle qui pourrait être exporté dans d’autres villes d’Europe. 

Quel rôle joue le récit sur les migrants dans le processus d’intégration ? Comment faites-vous face aux attitudes négatives et à la désinformation dans votre ville ?

Fuenlabrada participe depuis des années au réseau anti-rumeurs. Ce programme est l’une de nos meilleures pratiques pour lutter contre le racisme et la xénophobie. Il vise à enseigner aux enfants et aux adulte la valeur de la vérité et à les mettre en garde contre les fausses rumeurs nuisibles et les préjugés au sein de la communauté locale et de la société en général. En outre, nous participons à un projet déjà bien établi : la Table de la coexistence (Mesa por la Convivencia), qui réunit des dizaines de quartiers et d’organisations sociales et de migrants pour travailler ensemble. Cette initiative a également lancé un réseau de solidarité pour aider les personnes touchées par la pandémie. Cela a permis de montrer que nous pouvons tous travailler ensemble, côte à côte, si nous avons un objectif commun : lutter contre la pandémie et aider tous nos concitoyens, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. 

En tant que mentor d’IncluCities, vous travaillez avec la ville grecque de Levadia pour améliorer leurs pratiques d’intégration et développer des outils pour l’emploi convenable des réfugiés et des migrants. Qu’attendez-vous de cette participation ? 

Nous apprendrons beaucoup de l’expérience de Levadia, de ses politiques et de ses activités, ainsi que d’autres villes, municipalités et associations participant au projet. D’autre part, travailler sur un plan d’action pour améliorer l’intégration locale des migrants et des réfugiés et partager les expériences est une très bonne méthode qui nous permettra d’évaluer nos propres actions et de les améliorer. 

Pensez-vous que les gens sont conditionnés par le lieu d’où ils viennent ? Dans quelle mesure, par exemple, pensez-vous que le fait que vous soyez né à Cordoue vous a marqué en tant que personne ou en tant qu’homme politique à Fuenlabrada ? Vous rendez-vous toujours à la maison régionale d’Andalousie pour danser la « sevillana » ?

Les gens ont plusieurs dimensions. Nous sommes influencés par l’endroit où nous sommes nés et où nous avons passé notre enfance, et nous sommes également influencés par les lieux où nous passons notre vie. Nous sommes façonnés non seulement par les lieux, mais aussi par les gens. Je suis née à Cordoue, j’ai passé une partie de mon enfance à Almería et, depuis l’âge de 6 ans, je suis un voisin de Fuenlabrada. Je représente en partie toutes les personnes dont les parents sont arrivés dans cette ville il y a 30 ou 40 ans, en provenance d’Andalousie, d’Estrémadure ou de Castille-La-Manche à la recherche d’une avenir meilleur. Vous voyez, je comprends les gens qui viennent d’autres pays avec le rêve d’une vie meilleure. Cependant, je peux dire que je suis de Fuenlabrada, et la ville est ce qui nous unit, indépendamment de nos origines. Oui, du sang andalou coule aussi dans mes veines, et vous pouvez le remarquer aussi, surtout quand je danse.

Comment maintenez-vous le contact avec vos concitoyens ?

Au quotidien, j’ai affaire à de nombreuses personnes, des individus qui m’abordent dans la rue ou qui s’adressent à moi via les réseaux sociaux. Je me promène tous les jours dans ma ville. Il est essentiel de ne pas perdre le contact direct et permanent avec les citoyens. Cependant, il est également important de rester en contact avec l’espace, les rues, les places et les parcs. 
Développez vos ventes : conseil marketing Organisation - Audit, conseil, coaching, formation référencement sur Google de site Internet - Audit, conseil, coaching, formation Référencement naturel sur Google, SEO